Synonymes :
Continence, jeûne, austérité, mortification, sobriété, tempérance, renoncement, privation, modération, bannissement, chasteté, diète …
Je comprends pourquoi le mot fait peur ! Mais je pourrais aussi rajouter « pénitence » !
Car c’est le sens que je lui ai donné pendant de nombreuses années ! 13 ans !
Treize années, pour apprivoiser ce mot ! De ma sortie du déni, à ma dernière cure, 13 ans !
Quand j’entendais le mot Abstinence, je comprenais Pénitence, comme une punition d’exister, comme une restriction de mon existence !
Alors que je comprends maintenant que j’ai choisi la Vie !
Ma question test, c’est :
Si tu vivais ton dernier jour, tout en le sachant, que ferais-tu ? Ivresse des psychotropes, ou conscience et réalité … ?
Je pense que je choisirais de vivre pleinement ce dernier jour, de sentir l’air sur mon visage, de voir le soleil se lever, ou la pluie sur ma peau, consciemment. Apprécier la Nature. Voir mes proches, les embrasser … Un dernier dessin …
J’associe maintenant l’effet des psychotropes à une absence de vie, de mouvement. J’ai le sentiment de vivre désormais à plein temps. Le brouillard qui enveloppait mon esprit me fait peur, je n’en veux plus !
Et j’existe aussi par rapport à mon entourage ; entourage qui n’a pas compris tout de suite que j’avais changé, que certaines choses n’étaient plus acceptables pour moi, sous peine de rechute. J’ai dû imposer ma nouvelle façon de voir la vie, pour construire mon abstinence. Je ne m’oublie plus dans le silence.
Tout ce travail m’a demandé, au début de mon abstinence, beaucoup d’énergie. Puis, au fil du temps, une certaine vigilance, à ne pas retomber dans mes travers, dans ce silence …
Piocher par ci par là des petits plaisirs, les repérer, les accepter.
S’exprimer aussi avec ma créativité, par le dessin, la peinture. Jai constaté que cette activité me permettait de quitter la Réalité, de me positionner hors du temps, que j’ai tellement voulu contrôler !
Quand je me retourne sur mon histoire, à l’aube de mon abstinence, je ne peux que constater la peur, la panique qui m’a envahie alors. Peur irrationnelle, mélange de questionnements, qu’est-ce que j’allais faire de tout ce temps passé auparavant à consommer, qu’est-ce que j’allais faire de cette énergie gagnée, n’allait-elle pas me balayer, qui allais-je devenir, m’aimerait-on encore ?
Bref, un beau manque de confiance en moi !
J’avais oublié que j’étais suivie par des professionnels de santé spécialisés dans l’addictologie, qui m’ont aidé dans mon parcours de soin. J’ai été aussi très bien accompagnée dans les groupes d’entraide, où j’ai rencontré des personnes merveilleuses, qui sont devenus mes amis. L’implication dans le groupe m’a aussi permis d’aider d’autres malades, cela m’a porté.
J’essaye maintenant de voler de mes propres ailes, de prendre un peu de distance par rapport au soin et au prendre soin. Vers une nouvelle aventure ; la vie, quoi !
Oui tout comme nous vivons tous cette maladie si étrange... Chacun sa manière de consommer, et surtout chacun son parcours de soin. Ce qui convié à l un ne va pas fonctionner systématiquement à quelqu'un d autre!
Magnifique témoignage !