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SOIN - PRENDRE SOIN​

 

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Le soin :

Attention que l’on porte à quelque chose, à quelqu’un.

 

Le prendre soin :

Acte par lequel on porte soin, attention, à quelque chose, à quelqu’un.

 

Soigner, prendre de soin, demande de l’empathie, et bien d’autres choses encore. Cela comporte une sorte de responsabilité ; cela participe, dans ce qui nous intéresse, à contribuer à la continuité de la vie d’un malade, à l’accompagnement vers un mieux-être.

 

En addictologie, le soin demande de l’écoute, de la bienveillance, de la persévérance, et de l’humilité.

 

Ecoute, car le malade addicte qui se dirige vers le soin vient déposer ses valises, lourdement chargées. L’aider à les vider, à se défaire de la souffrance accumulée au fil du temps, demande de la patience, de la délicatesse.

 

Bienveillance, car ce que le malade addicte dit peut être violent, pour lui comme pour son entourage. Il ne s’agit pas de le juger, d’autres s’en seront chargés.

 

Persévérance, car le malade addicte peut refuser le soin, peut rechuter, revenir, et rechuter encore, avant de se diriger vers l’abstinence heureuse.

 

Humilité, car le soin apporté au malade addicte ne le guérit pas. C’est la personne, accompagnée par le soignant, qui travaille à son rétablissement. Il arrive aussi parfois que le soin apporté ne suffise pas.

 

J’ai une pensée ici pour la nature particulière de mon regard sur le personnel soignant que j’ai rencontré : aides-soignantes, médecins, infirmières, addictologues, assistantes sociales… Un profond respect pour ce corps de métier qui ne renonce pas, malgré la difficulté pour leurs patients à se diriger vers le soin.

 

Voilà pour les soignants.

 

Et si je regarde du côté des patients, et de moi-même, je peux me demander :

 

Combien de temps m’aura-t-il fallut, pour sortir du déni ?

Combien de temps pour admettre la nécessité de demander de l’aide, pour accepter cet aide, et participer à la rencontre de mon être libre de tout produit ?

Combien de temps pour que cet aide soit efficace ?

 

Car la sortie du tunnel dépend aussi de l’implication du malade, de sa motivation. Certains diront de sa volonté. Mot banni en addictologie, en raison de sa connotation négative, emplie du jugement hâtif.

Pour moi, ce mot, volonté, est nu, impersonnel, et condamnateur ! Il s’agit de l’habiller de projection, de compréhension et d’amour, pour arriver au mot motivation.

La motivation, c’est de la volonté, avec du sens.

 

La participation que j’ai pu apporter à mon rétablissement, une fois admise la nécessité pour moi de l’abstinence, a été un long travail de reconstruction. En effet, accepter de regarder ce passé détesté, dont j’avais honte, changer mon regard sur lui, accepter le mot maladie, m’a aidée à me pardonner, à renouer avec ma conscience.

 

J’ai dû aussi lutter contre un désir immédiat d’aider des personnes en souffrance comme moi. Attendre de me reconstruire, pour pouvoir soutenir et accompagner d’autres malades addictes. A quoi aurait servi mon aide, si malgré ma spontanéité, je n’étais pas en mesure d’aider sur le long terme ?

 

Mon parcours de soin a débuté au début des années 2000, quand mon médecin m’a conseillé un psychiatre, en raison de ma dépression et de mon addiction à l’alcool et au cannabis.

 

En 2002, premier sevrage d’un mois en clinique psychiatrique. Rechute d’alcool au bout d’un mois.

J’ai commencé à assister au groupe de parole du Dr Nowominski et de l’assistante sociale Mme Reuilles en 2003. Suivi au CSAPA ( Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie ) de Rambouillet.

En 2004, deuxième cure de cinq semaines en clinique psychiatrique, sevrée de l’alcool depuis ce jour.

Début 2011, cure à l’hôpital de Rambouillet à l’unité d’addictologie pour stopper le cannabis ; puis abstinence de 2 ans.

Rechute, et encore 2 sevrages à Rambouillet, en vain.

Je continue pourtant tout ce temps ma participation aux groupes de paroles.

 

Puis, en 2015, séjour d’un mois au CALME, à Illiers-Combray. Dans ce centre, je me sépare des antidépresseurs que je prenais depuis 17 années, du tabac, et du cannabis.

 

Depuis ce jour, aidée par mon implication au sein de la Croix Bleue, avec Henry, aidée par ma ténacité à prendre soin de moi, avec le résultat d’une très longue psychothérapie, j’ai la satisfaction d’avoir retrouvé ma liberté, de me découvrir chaque jour, et d’avoir fait connaissance avec moi-même.

 

En toute humilité, c’est ma plus belle rencontre… !

 

Et vous, vous êtes-vous, ou allez-vous vous diriger vers le soin, prenez-vous soin de vous ?

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Crocodilou

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