Sortie du déni - Année 2002
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Séjour de trois semaines au sein de la clinique psychiatrique de l’Isle, à Crosne.
Le but étant de me désintoxiquer de l’alcool, qui est devenu beaucoup trop présent et quotidien.
Il m’a été conseillé par mon psychiatre, le docteur Jacques Vienet Legue, au vu de mon incapacité à arrêter ce produit seule. Ma dépression est au plus fort, c’est mon père qui me dépose à la clinique. Sentiment de honte quand je le regarde partir…
Mon fils de 9 ans est en partie chez mes parents, en partie chez son père.
Cette décision a été très difficile à prendre ; s’identifier à une personne alcoolique est très perturbant, mais c’est la sortie du déni, première étape du soin, la deuxième étant de demander de l’aide.
Je m’isole dans ma chambre, je n’ose pas en sortir les premiers jours, mais l’appel de la cigarette m’y oblige, pour aller fumer dans le fumoir. Premier contact avec les autres patients, perturbés, mais accueillants.
Il y a de tout, dans cet établissement : anorexiques, dépressifs, alcooliques, drogués, et d’autres pathologies, que je ne connais pas.
Première semaine, je fais des puzzles dans ma chambre, j’ai une perfusion sur roulettes.
Puis je vais à l’activité d’art thérapie. Je me promène dans le parc, où je découvre le coin des fumeurs de cannabis. Rapidement, je renoue avec ce produit, je trouve le moyen d’en acheter. Mélange de l’effet avec le valium de la clinique, planant…
Je n’ai pas souvenir des consultations avec un psy, mais il a dû y en avoir.
On me propose de participer à un groupe de parole, je refuse, mais on vient me chercher dans ma chambre. De nouveau, un sentiment de honte, le fait de s’identifier à une personne alcoolique.
Une sortie est autorisée le week-end du 21 avril. C’est le premier tour des élections présidentielles.
Je vais voter, puis retour à la clinique.
J’attends les résultats du vote dans ma chambre, et une grande détresse m’envahit, c’est l’arrivée de l’extrême droite au second tour ! je ne peux pas la partager.
Je termine le séjour, sevrée de l’alcool, juste sevrée.
J’y aurai gagné une abstinence qui durera un mois …